mercredi 26 février 2014

L'expérience de Milgram

Rubrique psychologie sociale.

L’expérience de Milgram sur la soumission à l’autorité est probablement l’expérience la plus connue dans le domaine de la psychologie sociale, en grande partie à cause du contexte historique dans lequel elle se situe.

Ce que vous devez retenir sur Stanley Milgram :
à C’est un psychologue social américain très connu du XXe siècle.
à Il a conçu plusieurs expériences-phare dans le domaine de la psychologie sociale dont celle de la soumission à l’autorité.
à Comme beaucoup de psychologues, il a une tête de psychopathe :



Au cours de cette expérience, comme dans la majorité en psychologie sociale, le sujet ne connaît pas le réel but de l’expérience (car sinon, cela risquerait de fausser ses résultats).

Ce que l’on dit au sujet :
Il s’agit d’une expérience qui porte sur le rôle de la sanction sur la mémoire. Plus exactement, il s’agit d’évaluer l’intensité de punition qui a le plus d’effet.

Réel but de l’expérience :
Evaluer le degré de soumission à une autorité. Ici, la figure d’autorité = l’expérimentateur. Pour asseoir son autorité, l’expérimentateur est vêtu d’une jolie blouse blanche.

Déroulement de l’expérience
Deux sujets arrivent dans une salle d’attente et se voient attribuer pour l’un, le rôle de l’enseignant et pour l’autre, le rôle de l’élève.
Ce que l’on dit au sujet : Les rôles sont attribués de façon aléatoire.
En vrai : L’un des deux sujets est un compère de l’expérimentateur. Le tirage au sort est truqué et le sujet se voit systématiquement attribuer le rôle de l’enseignant.

Les sujets sont ainsi placés dans deux pièces distinctes :


L’enseignant se voit attribuer une série de questions qu’il doit poser à l’élève via un dispositif audio.
Ce que l’on dit au sujet : L’élève est placé sur une chaise électrique et à chaque fois qu’il répond faux, l’enseignant doit lui envoyer une décharge comme punition, allant de 15 à 450 volts (s’échelonnant de 15 en 15 volts). En plus de l’indication de voltage, les manettes servant à envoyer les décharges sont groupées en six catégories :
  •         Choc léger
  •         Choc modéré
  •        Choc fort
  •         Choc intense
  •         Choc extrêmement intense
  •         Attention : choc dangereux

En vrai : L’élève, compère de l’expérimentateur, donne des réponses fausses selon un programme préétabli. Il ne reçoit pas réellement les chocs électriques mais simule une réaction à ceux-ci :
  •         A 75 volts, il gémit.
  •         A 120 volts, il crie que les chocs sont douloureux.
  •         A 135 volts, il hurle.
  •         A 150 volts, il annonce qu’il refuse de continuer (tandis que l’expérimentateur demande au sujet de continuer quand même).
  •         A 180 volts, il crie qu’il ne peut plus supporter la douleur.
  •         A 270 volts, il pousse un cri d’agonie.
  •         A partir de 300 volts, il ne dit plus rien.


Le but de l’expérience est de voir à partir de quel degré de voltage le sujet décide de désobéir à la figure d’autorité (l’expérimentateur) et d’arrêter l’expérience.

La plupart des sujets se retrouvent rapidement dans un conflit intérieur (sauf certains sadiques qui trouvent un plaisir vicieux à envoyer des décharges électriques à de pauvres innocents). Ils tentent d’arrêter l’expérience par des regards, des remarques à l’expérimentateur. Celui-ci a alors pour consigne de donner au sujet quatre incitations graduées selon leur intensité :
  •         « Continuez s’il vous plaît. » ou « Je vous prie de continuer. »
  •         « L’expérience exige que vous continuiez. »
  •         « Il est absolument indispensable que vous continuiez. »
  •         « Vous n’avez pas le choix, vous devez continuer. »

Si le sujet refuse d’obéir après ces quatre injonctions, l’expérience prend fin.
Détail qui a son importance : il est dit au sujet que les chocs peuvent être très douloureux, mais qu’il n’y aura aucune séquelle irréversible.

Résultats de l’expérience
Choc moyen maximal administré (à partir de quel voltage en moyenne le sujet décide d’arrêter l’expérience) :

360 volts

Pourcentage d’individus qui continuent l’expérience jusqu’au dernier choc de 450 volts :

62,5 %



Bien entendu, ces résultats ont surpris le monde scientifique et choqué la population, l’expérience de Milgram ayant vu le jour en 1961, soit une quinzaine d’années après la seconde guerre mondiale. La culpabilité des bourreaux est remise en question, chamboulée, ne serions-nous finalement rien de plus que 62,5 % de potentiels SS en puissance ?

Jusqu’à quel point sommes-nous obéissants ?



L’expérience a été répliquée à nombreuses reprises, modifiant une ou plusieurs variables, mais la plus intéressante à mon goût est celle-ci : l’influence du pouvoir de la télévision aujourd’hui (expérience réalisée en 2010). L’expérience de Milgram a été réitérée sous la forme d’un jeu télévisé au cours duquel la figure d’autorité était la présentatrice (qui représentait en fait la télévision dans son ensemble). Ici, les résultats sont d’autant plus choquants, puisque le pourcentage d’individus qui continuent l’expérience jusqu’au dernier choc de 450 volts est de plus de 81 %.

Le documentaire entier :


lundi 13 janvier 2014

Konrad Lorenz: l'empreinte

Rubrique éthologie.

L'empreinte est une forme d'acquisition radicale étudiée par Konrad Lorenz, que l'on constate chez plusieurs animaux, dont les oiseaux.

Cette forme d'acquisition fonctionne ainsi: le poussin ou le petit animal, à une étape-clé de son existence (en effet, la fenêtre dans laquelle doit se dérouler cet apprentissage est plus ou moins restreinte), découvre la forme de ses congénères.

Une fois cette acquisition faite, elle dictera:

- son choix quant à la figure à suivre (celle qu'il considérera comme sa mère)
- son choix quant à ses futurs partenaires sexuels, une fois arrivé à l'âge adulte.

Ce que Lorenz a réalisé, c'est qu'à ce moment-clé de l'existence de l'oisillon (plus exactement ici, juste après l'éclosion), l'empreinte peut être établie avec n'importe quoi !!

Il suffit simplement de présenter la forme à l'oisillon. Cela peut fonctionner avec un autre animal, mais aussi une forme non-animale, comme un ballon par exemple!

Lorenz a poussé l'expérience jusqu'à se faire passer lui-même pour la mère de petits canetons. 
On a pu ainsi l'observer à plusieurs reprises à la tête d'une drôle de parade!

L'anecdote raconte que pour mieux effectuer l'empreinte sur ses petits canetons, il a commencé par imiter la cane mère. Des voisins l'auraient vu, accroupi dans l'herbe de son jardin, remuant les bras comme des ailes et caquetant. Sauf que, l'herbe étant haute, ils n'ont pas vu les petits canetons qui le suivaient, et l'ont donc pris pour un fou!